20 décembre 2024
Par Sébastien Turgeon, président de l’Association des communicateurs municipaux du Québec ainsi que directeur des communications et de la participation citoyenne et directeur général adjoint à la Ville de Nicolet
Non, l’événement n’a pas eu lieu en Belgique (quoique certains y sont allés pour une activité de formation découverte) mais premier constat, Lille se targue également d’être liée à l’origine de ce plat typique (une saine rivalité du genre Drummondville et Victoriaville pour la poutine). Avec son agglomération, cette ville du Nord-Est de la France représente la 4e métropole en importance du pays et c’est elle qui accueillait le 36e Forum Cap’Com.
Hélène Langlais et Leslie Aubin (Ville de La Tuque), Benoit Paradis (Ville de Chambly) et moi-même avons représenté le Québec lors de ce rendez-vous annuel. Mais, ô surprise, nous n’étions pas seuls! Martine Rouette, directrice des communications de la Ville de Prévost était du lot des panélistes pour présenter comment sa ville a effectué certaines opérations de communication positives et constructives dans le cadre de l’atelier Une com qui marche au service des projets. Martine a parlé d’écofiscalité et de la campagne éco-choix qui est devenu un projet mobilisateur dans sa communauté. Une très belle initiative québécoise qui a permis de démontrer que nous avons aussi de très beaux projets de com en Amérique.
(De gauche à droite : Hélène Langlais, Leslie Aubin, Benoit Paradis et Sébastien Turgeon)
D’abord, rappelons que Cap’Com est une coopérative de 25 000 communicants français œuvrant dans le domaine de la communication publique (c’est comme si on regroupait au Québec les ministères, les sociétés d’État et les autres organismes publics avec les municipalités et les MRC). L’ACMQ est toujours invitée par cette association à participer à son forum et nous leur rendons la pareille avec notre colloque annuel.
Avec une fréquentation record de 1 400 participants, l’événement a certaines similarités avec notre colloque mais aussi certaines différences dont des fablabs, des conseils à la coque (échange de 4 minutes avec des interlocuteurs, le temps que ça prend pour faire cuire un œuf!) et des conférences hop (l’équivalent de nos panels). Au total, c’est une cinquantaine d’activités, conférences et présentations qui sont proposées aux participants en deux jours. Vous comprendrez que nous avons dû faire certains choix (mais non, Hélène et moi n’avons pas participé à l’atelier Comment durer en communication après 50 ans même si nous étions les seuls représentants du Québec à avoir l’âge pour le faire!).
Premier constat : des sujets et préoccupations qui ressemblent en plusieurs points aux nôtres : intelligence artificielle, place des communications dans les organisations, avenir de l’information locale, innovation durable, attractivité de la profession, participation citoyenne, gestion des matières résiduelles et changements d’habitude, enjeux de communication interne et de recrutement, désinformation, etc.
Nous avons des enjeux très similaires aux Français. C’était ma deuxième participation (j’avais participé au forum il y a une quinzaine d’années à Tours) et malgré l’océan qui nous sépare, nous vivons des choses un peu différentes mais surtout semblables, ne serait-ce que de devoir prendre nos places dans nos organisations et défendre le professionnalisme que nous apportons à nos milieux ou la couleur d’un dépliant comme le précisait un des panélistes là-bas.
Autre constat, fait par Cap’Com celui-là : nous avons une vision positive de la profession malgré le fait que les citoyens s’éloignent des sources vérifiées. On remarque en France (comme chez nous) une radicalisation du discours, une rupture d’écoute sereine et une multiplication des comportements violents. Devant cette réalité, il faut tout mettre en œuvre pour maintenir le dialogue.
Dans l’événement Cap’Com, il y a aussi l’équivalent des Plumes d’excellence avec une cérémonie lors de laquelle on décerne un Grand prix (qui, cette année, a été remporté par une campagne de notoriété qui allie l’Eure en Normandie et la compagnie Pantone). On y récompense aussi les communications internes, l’accompagnement de projet, les communications citoyennes, comportementales, culturelles, événementielles et institutionnelles, le marketing territorial et la création. Le jury attribue également un prix coup de cœur. Il y a là-dedans plusieurs exemples inspirants, passez voir les vidéos : https://www.cap-com.org/le-grand-prix-capcom-2024
Pour terminer, j’ai demandé à ceux qui m’accompagnaient de résumer en quelques mots leur participation :
« C’est le genre d’événement qui nous permet de constater que peu importe dans quel pays nous sommes, les enjeux de communication publique sont tous pareils. Ce qui nous a particulièrement impressionnées, c’est la taille des équipes de communication dans la plupart des communes françaises. Ils ont des gens en communication interne, en communication externe et même des journalistes publics. Aux endroits où il n’y a plus de journaux indépendants en raison des difficultés que vivent les entreprises de presse, les communes ont pris le relais. Un concept nouveau pour nous qui a suscité de belles réflexions. Comme c’est le cas aussi au colloque de l’ACMQ, il est important de se réunir ensemble au moins une fois par année pour partager notre réalité et nos bons coups. Ce qu’on retire comme énergie après un événement comme celui-là, ça nous donne de l’élan. Merci au CA de l’ACMQ et à la Ville de La Tuque de nous avoir permis de vivre cette aventure unique. Nous sommes très heureuses d’avoir pu partager nos expériences avec nos homologues de la francophonie européenne. Nous en garderons de précieux souvenirs et quelques trucs très utiles. » – Hélène Langlais et Leslie Aubin, Ville de La Tuque
« Mon séjour en France et en Belgique a été une véritable source d’inspiration. J’ai été particulièrement marqué par ma visite pro à Bruxelles. Mon côté naïf me laissait croire que la réalité des Français était très différente de celle des Québécois, mais j’avais tort! Certes, le lexique et les structures organisationnelles diffèrent, mais les enjeux de communication sont étonnamment similaires.
Tout comme lors de ma première participation au colloque de l’ACMQ à Trois-Rivières, j’ai profité de l’occasion pour échanger avec de nombreux participants et en apprendre davantage sur leur quotidien professionnel. J’ai été immédiatement frappé par la fraternité qui règne au sein de cette association : entraide, partage de connaissances et désir d’être reconnu dans sa profession sont des valeurs omniprésentes.
Mon aventure a débuté par un voyage à Bruxelles, où j’ai eu la chance de participer à une visite pro au parlement européen. J’ai notamment assisté à un atelier très instructif sur la participation des jeunes aux dernières élections européennes et les défis rencontrés par les communicants pour mobiliser ce public. Accueillis ensuite au Résidence Palace, lieu de réception des services de la Chancellerie belge, nous avons assisté à une courte présentation de Catherine Lombard, directrice générale de la communication externe du gouvernement. Elle a dressé un portrait des enjeux et des actions menées par son équipe. Cette longue mais passionnante journée s’est terminée en beauté par un arrêt à l’Hôtel de Ville de Tournai, situé dans l’ancienne abbaye bénédictine de Saint-Martin, un monastère du 11e siècle (j’avoue que je suis jaloux!). Nous y avons été reçus avec frites et champagne!
Le colloque s’est poursuivi avec une série de conférences toutes plus intéressantes les unes que les autres. J’ai d’ailleurs noté quelques formules originales utilisées par les intervenants pour stimuler la participation du public. Je tiens à saluer Hélène, Leslie, Martine et Sébastien, que j’ai eu le plaisir de rencontrer et de connaître davantage pendant ces quelques jours. Enfin, un grand merci à notre association de nous permettre de vivre de telles expériences et de nous ouvrir sur le monde. » – Benoit Paradis, Ville de Chambly et secrétaire de l’ACMQ